Plusieurs femmes toutes nue martirisent le sexe dun homme

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L'auteur insiste de nouveau et s'étend assez longuement sur cette maxime que deux religions ne peuvent subsister dans un Ëtat. A le voir, on auroit auguré cent ans de ff vie et de vie vigoureuse. On s'adresse à la duchesse, qui fait même attendre plusieurs jours sa réponse. Dès 1585, lès bourgeois avaient nommé douze conservateurs de la cité, diargés spécialement de veiller à ses intérêts et à son salut 3. Telles débauches engendraient souvent des querelles, «r qni enfantaient des menrtres sur-le-champ.... Les rnes sont barricadées, les portes fer- mées, pour résister aux ennemis imaginaires, qui venaient, disait-on, do Boftage, place forte des protestants, afin de mettre tont à fen et à sang. « Quelle violence luy a-t-on faict, que de « rimportiiner de justice? « Nous avons eu avis certain, dit-ellè, « que quelques hommes de la faction du roi, dont nous avons la « liste, veulent introduire le roi de Navarre avec ses troupes : s'ils « exécutent leur fatal dessein, la ville ne peut éviter un sac général c et terrible, et la perte de notre religion, avec la mort on Fempri- « sonnement des bons catholiques.

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La plupart des historiens de la Bretagne se sont arrêtés, dans leur récit, à l'époque célèbre de la réunion : depuis ce temps, répètent-ils, la province, attachée indissoluble- ment à la couronne de France, a cessé d'avoir une histoire particulière ; car elle a vécu véritablement de la vie générale du royaume. Quelques-uns, comme Daru, ont cru devoir jeter un coup d'œil rapide sur les principaux événements dont la Bretagne fut encore le théâtre ; mais sans approfon- dir les questions, sans étudier sérieusement les faits. D'un autre côté, les écrivains, même les plus conscien- cieux, qui ont essayé de raconter Thistoire si variée de la Ligue en France, n'ont point parlé de la Bretagne, ou se sont contentés de dire quelques mots sur la province; mais d'une manière tellement incidente, qu'il est impossible de connaître par eux les événements. En 1739, l'abbé Des- fontaines a publié, en 6 volumes in-12, Y Histoire des ducs de Bretagne : les tomes III et IV renferment l'histoire par- ticulière de la Ligue dans la province. Le livre de M. Le collaborateur et continuateur de dom Morice, dom Taillandier a poursuivi l'histoire de Bretagne jusqu'en 1598 ; mais, quoiqu'il ait à peine fait mention de l'ouvrage pré- cédent, il y a fort peu ajouté. Il est exact et assez complet; mais c'est l'exactitude d'une compilation sèche et sans chaleur : les faits ne sont pas groupés de manière à s'ex- 1 C'est le bisaïeul du brave général de Pire, mort en 1850, après une glorieuse carrière. Cette époque, si agitée par les passions religieuses et politiques, aura le privilège d'intéresser encore longtemps les générations qui se succéderont. C'est un temps de luttes ardentes, de convictions exaltées; mais aussi de passions fougueuses et d'ambitions de toute nature : cha- cun combat pour sa cause ou pour son intérêt, de toutes les forces de son être, par la parole et parla plume comme par l'épée. Aussi jamais les mémoires et les pamphlets n'ont été aussi nombreux, même en Bretagne, dans cette province oii Ton a toujours mieux aimé frapper qu'écrire. Beaucoup des œuvres de cette époque ont été perdues, même des plus intéressantes : ainsi, l'on ne retrouvera probablement jamais les mémoires de l'habile royaliste Sourdéac, lieutenant-général, gouverneur de Brest, ni ceux de l'évêque de Vannes, Georges d'Aradon, l'un des chefs de la Ligue en Bretagne, etc. Mais ce qui nous reste est bien suffisant pour nous faire connaître les senti- ments, les espérances et les tentatives des différentes classes de la population. Parmi les royalistes, nous rencontrons les mémoires du loyal capitaine huguenot Montmartin, l'ami du brave La Noue Bras-de-Fer, le serviteur dévoué de Henri IV; et le journal de maître Jean Pichart, bourgeois catholique, en- nemi de la guerre et des exagérations des partisans du Lorrain Mercœur, comme de ceux de la vache à Colas. Panni les ligueurs, nous pouvons consulter avec fruit le journal du gouverneur d'Hennebont, Jérônae d'Aradon, sieur de Quinipily, soldat sans pitié, catholique sans tolé- rance , franchement et vigoureusement dévoué à sa cause, à son prince et surtout à ses intérêts. Les vives peintures du chanoine Moreau , conseiller au présidial de Quimper, méritent assurément d'être connues au delà des limites de la Basse-Bretagne, dont il a raconté les misères avec tant d'énergie, dans un style si pittoresque. Le bourgeois de laLandelle nous fait assister à tous les événements dramatiques dont Saint-Malo, la glorieuse république catholique et maritime, est alors le théâtre, etc. Puis les panégyristes du duc de Mercœur préparent par leurs écrits la souveraineté indépendante de leur maître : P. Biré, Raoul Le Maistre, le vieux capitaine Gassion, etc. Les actes recueillis par les bénédictins pour servir de preuves à l'histoire de Bretagne; les pièces nombreuses, encore inédites, que renferment les archives des villes, Mantes, Rennes, Saint-Malo, Yannes, Morlaix, etc. VL documents, difficiles à réunir et à consulter, pourront être utilisés avec fruit, et la Ligue en Bretagne aura son histo- rien. Mes prétentions ne vont pas jusque-là : mon seul désir est de faire mieux connaître cette époque intéres- sante de notre histoire, et de fournir quelques indications à l'écrivain de conscience et de cœur qui aurait pour en- treprendre cette œuvre le talent et les ressources qui me manquent également. Plusieurs causes mirent alors les armes aux mains des populations bretonnes; il est nécessaire de les signaler, pour comprendre le caractère de la lutte à cette époque. Pour beaucoup sans doute dans la province, la Ligue fut une protestation, souvent passionnée, parfois même exa- gérée dans ses actes, mais assurément respectable, contre les doctrines d'une minorité turbulente et ambitieuse, qui réclama la tolérance le jour seulement où elle ne put espérer la domination. Autant et plus même qu'aucune province de France, la Bretagne était restée attachée au culte des ancêtres, à la religion catholique : située à l'ex- trémité occidentale de notre pays, condamnée pour ainsi dire à l'isolement par sa position, la grande presqu'âe 1 Voici cepeDdant ce qu'écrivait, il y a quelques années à peine, un historien de Bretagne , Edouard Richer, bien plus littérateur qu'historien, sur cette période de notre histoire : « La Bretagne, k cette époque, a été u agitée d'un mouvenoent réel, mais communiqué ; c'est dans une atmos- a phère supérieure que se sont formés les orages , et c'est des régions SidLarch. XV royaume, au temps de Charles YII, non moins qae l'hé- roïque Jeanne d'Arc? Mais ces expéditions lointaines, ces guerres régulières et disciplinées en quelque sorte, n'avaient pas été populaires en Bretagne. Ce qui faisait battre le cœur des nobles de Comouailles, c'était le souvenir des luttes héroïques de Blois et de Montfort ; c'étaient les longs et glorieux récits de ces mille combats sur le sol même de la province, dans ce pays si bien disposé pour la guerre de partisans. Aussi, quand la Ligue prit les armes, ce fut moins le fanatisme religieux, que ce besoin d'indépendance et d'action qui souleva beaucoup de gentilshommes bretons. Les bourgeois des villes, qui ont eu souvent à se plaindre du gouvernement royal, de ses représentants dans la pro- vince, de ses exigences onéreuses, espèrent augmenter leurs privilèges et leurs franchises, et se montrent fiers du rôle politique, plein d'activité et d'émotions, qu'il leur est alors permis de jouer. Aussi se laissent-ils entraîner aveuglément aux excès les plus tristes d'une brutalité sauvage et déréglée contre les royalistes, ennemis de leur religion, ennemis de leur pays. Prince, sans toy, « Sans toy qui Tas sauvé, et as gardé on Roy. Maifi tous ces mouvements sont confus, désordonnés, sans discipline, sans but bien déterminé, etlerôle des populations bretonnes pendant la Ligue est loin d'avoir ce caractère de noblesse et de dignité que l'on a trop souvent célébré. Cette époque n'est pas l'une des plus grandioses de notre «histoire, comme on l'a répété : le dévouement, l'héroïsme, les convictions pures et désintéressées, sont rares et for- ment l'exception. Beaucoup de princes, au milieu de la désorganisation politique causée par les troubles de la Ligue, songeiûent à reconstituer une véritable féodalité, sous la suzeraineté. Mercœur voulut et espéra plus encore: jusqu'au dernier jour, il prétendit faire revivre la ;la race des ducs indépendants de Bretagne. XYII bretons, la résistance admirable des paysans aux progrès de l'hérésie : d'autres, au contraire, n'ont vu dans cette lutte qu'une guerre malheureuse de religion, et dans Mercœur, qu'un fanatique égaré par de faux principes. Je crois qu'il y a erreur ou exagération dans ces jugements opposés. Le politique prétendant à la couronne de Bretagne fut, avant tout, un ambitieux opiniâtre et faible: la défense de la religion fut toujours subordonnée, chez lui, à l'intérêt de sa grandeur personnelle. Le récit des événements nous prouvera qu'il n a pas été simplement et noblement catho- lique; car il a résisté, sans motif honnête, à l'exemple et même aux ordres du chef du catholicisme: il n'a pas été non plus sincèrement patriote breton; car fl n'a jamais osé déclarer et soutenir franchement ses prétentions, et donner aux sentiments et aux passions des populations bre- tonnes une direction qui aurait pu les rendre redoutables , un but qui aurait doublé leurs forces. Il n'a fait que du mal ; et il est tombé sans gloire pour lui-même et sans profit pour la cause qu'il n'avait pas su défendre. Cette appréciation est bien différente des éloges qu'a prodigués à Mercœur l'un des derniers historiens de la Bretagne. Elle descendait directement, par Nicole de Blois, vicomtesse de Limoges, mariée à Jean de Brosse, de Jeanne de Pentbièvre, la veuve de Cbarles de Blois : « Elle était du sang « royal des vrais et légitimes ducs de Bretagne. » Au point de vue des traités, les prétentions qu'elle pouvait élever sur le ducbé, étaient de toutes les plus mal fondées : non-seulement la comtesse de Blois avait formellement renoncé à tous ses droits, par le traité de Guérande de 1365; mais depuis, Louis XI avait acquis en 1480, au prix de 50,000 livres, les prétentions de Nicole, sa petite-fille, sur la Bretagne, en s'engageant à lui restituer le comté de Pen- tbièvre, que lui donnait le traité de Guérande, lorsqu'il serait en possession du ducbé. Quand la province eut été définitivement réunie à la couronne en 1532, Françcns P' remit à Tarrière-petit-fils de Nicole le comté de Pentbièvre, avec la réserve de pouvoir le reprendre, moyennant la cession de terres équivalentes. Jean de Brosse, alors mineur, réclama douze ans plus tard; Ton obtint son désistement, en 1555, par le traité de Fontainebleau. Enfin, en 1566, Sébastien de Luxem-. La généalogie de Mercœur donnée par Daru jRist. Mercœur descendait par sa mère, Jeanne de Savoie , de Qaude de Brosse, dite de Bretagne, fille de Nicole de Châtillon, dite de Bretagne, comtesse de Penthièvre Du Paz, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, etc. Biré ayoute quil était issu, par Yolande d Aqjou, de Louis I»'', comte d'Anjou, et de Marie , troisième enfant de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre. Jlliences généalogiques de la maison de Lorraine, etc. » Ses contemporains l'avaient surnommé le Chevalier sans peur: mais l'on ne peut ajou- ter, sans reproche; car dans plus d'une circonstance de sa vie très- agitée, il avait fait preuve d'une ambition peu mesurée et d'un cou- rage poussé jusqu'à la brutalité cruelle. Il avait épousé Marie de Beaucalre', fille d'honneur de Marie Stuart. Le baptême de la jeune Marie, leur fille, fut célébré à Nantes, e 16 juillet 1562, avec une pompe toute royale, dont le souvenir devait longtemps rester gravé dans la mémoire des habitants. Le parrain était Antoine de Bourbon, roi de Navarre ; les marraines, la reine d'Ëcossé et Marguerite de 1 Jetés de Bref. Biré, Jlliences généalogiques de la maison de Lorraine, liv. LA LIGUE France, sœar de Charles IX, par leurs représentants. Biré , JUiences généal,, p. Martigues mourait quelques jours après, an siège de Saint- Jean-d'Angély, pendant la troisième guerre civile 20 novembre 1569. C'est ainsi qu'il le nommait Tun des premiers chevaliers de Tordre du Saint-Esprit'. L'Estoile donne positivement la date du 12 juillet 1575, en ajoutant des détails circonstan- ciés sur les fôtes du mariage. Anselme , dans sa Généalogie de la maison royale de France, donne par erreur la date du 15 juillet 1579 t. Mercœur a été puissant ; il a dû rencontrer des courtisans et des panégyristes : ceux-ci ne lui ont pas fait défaut, et Tont naturellement orné de tous les talents et de toutes les vertus. Je vois que vous vous souciez très-peu de vos affaires. » Cette lettre fait partie de la précieuse collection d'autographes de M. Il avoit « la taille dégagée, et la stature au-dessus de la médiocre; la tête « grosse, mais sans cheveux, suivant la coutume du temps. Sa char- te nure estoit blanche, et son teint vermeil. Les sourcils lui estoient « majestueusement et également voûtez. « Le plus beau de son visage estoit son œil, grand, vif, bien ouvert, « étincelant, mais chaste et nullement menaçant. Il avoit les joues « honnestement remplies, la bouche petite, le menton un peu long : il « portoit la moustache retroussée à Tespagnol, la barbe pleine et un «r peu au-dessous du menton. A le voir, on auroit auguré cent ans de ff vie et de vie vigoureuse. » Le portrait est complet ; rien n'y manque : le dernier trait smrtout est admirable. Yoici maintenant Féloge des qualités intellectuelles du duc de Herc« de Mercœur, le maire Harrouys, huit anciens maires, les ca- pitaines de la milice, leurs lieutenants, etc. L'on avait décidé les mesures les pins urgentes pour repousser une attaque des calvinistes, et Ton suppliait Mercœur de pourvoir à la sûreté du pays nantais. Les esprits étaient exaltés par la crainte, par la colère et par la souffrance : on visitait les maisons, on passait en revue les hommes et les armés, on faisait des approvisionnements, on établis- sait des corps de garde jusque dans les chapelles. Quelques jours après, le 14 juillet, au moment où les chefs de la bourgeoisie se réunissaient pour veiller à la défense de la ville, plus de cinquante habitants, ayant à leur tête le grand-vicaire de Courans, archidia- cre; de la Benaste, chanoine; Jean Christi, théologal, etc. L'exem- ple des catholiques anglais, cruellement persécutés, les épouvante. Le plus souverain remède à si grand mal est, après avoir apaisé Cire de Dieu par une bonne pénitence et amendement de vie, que tous les catholiques de ce royaume soient en amitié et concorde entre euix, comme ils sont unis en foy envers Dieu ; car, ainsi que la verge d'Aaron dévora la verge des magiciens de Pharaon, ainsi la sainte union des catholiques dissipera et dévorera les conjura- tions des hérétiques. Puis, il énumère les raisons qui doivent faire approuver cette union par le roi lui-même. En conséquence, le clergé et la plus grande partie des catholiques habitants de la ville et forsbourgs de Nantes, supplient Monsieur le Maire, demain ou lundi prochain, faire et assigner une assemblée générale en l'hostel de ville, pour savoir si tous les aultres manans et habitans de ladite ville et forsbourgs de Nantes ne veullent pas se joindre avec eulx en cette saincte union, pour empescher de toute leur puissance, avec les aultres bons crestiens de ce royaulme, que l'exercice de la vraye religion ne soit jamais os té en France et que ung hérétique ne soit jamais admis au régime et gouvernement de ce royaulme, de peur que nous ne tombions en mesme misère en laquelle sont mainte- nant nos voisins Us catholiques d'Angleterre, spoliez de leurs biens, privez avec leurs enfants des moiens de leur salut et mas- sacrez cruellement, comme criminels de leze-majesté, si on sçaii qu'ils aient esté à la messe ou seulement porté un chapelet ou des heures de Nostre-Dame ou aultre marque de piété. Le 16, après une longue discussion, tous les membres sont d'avis I Registres de la ville : Arch. Le gouverneur favorisait naturellement les ligueurs, dirigés par Christi; cependant, il y eut une espèce de compromis, qui semblait devoir satisfaire tous les intérêts, toutes les opinions. Sur la demande du procureur-syndic lui-môme, de l'évo- que et de Mercœur, une grande assemblée générale eut lieu le 29 juillet : l'évoque, le maire, les deux lieutenants du château, trois di- gnitaires de la cathédrale, quinze chanoines, cinq anciens maires, six capitaines bourgeois, en tout 165 notables, dont les noms se trou- vent au registre, et plusieurs autres manants et habitants étaient réunis. Puis, pour appuyer sa recommandation, il fait lire une copie de l'édit d'Union, donné à Rouen par Henri III. Le maire, à son tour, prend la parole, proclame encore l'autorité du 1 Registres delà ville: Arch. La populace fit des feux de joie à cette occasion ; mais ce n'était pas assurément pour célébrer la ré- conciliation du roi avec les ligueurs, car Tautorité royale était cha- que jour dé plus en plus méconnue. Cependant, la misère était grande à Nantes et dans tout le pays an sud de la Loire : les troupes catholiques pillaient les environs, plus que les ennemis eux-mêmes ; l'armée du duc de Nevers fourrageait jusqu'aux portes de Nantes. Dans ses remontrances, consignées dans le registre de la ville, le procureur-syndic se plaint de ces troupes, qui consument tout et usent de grandes violences et extorsions, tel- tentent que ta liberté du commerce est cessée en lé plat pays et tout 1 Registres de la ville : Arch. Dans leurs doléances aax États de Blois, les Nantais mon- trent leur pays fouillé et travaillé tant des années et troupes enne-- mies que des catholiques ; il ne reste plus aux habitants que la langue pour se plaindre des oppressions qu'ils souffraient, etc. Les paysans se réfugiaient dans la Tille : les bestiaux étaient par- qués dans les tles de la Loire, et surtout dans la prairie au Duc ; les travaux publics étaient interrompus, faute d'argent, par ordonnance du bureau du 17 octobre. Cependant, le roi demandait de nouvelles taxes ; la ville était forcée de prêter, ou plutôt de donner ses provisions de guerre. Dans Tespace de quelques jours, du 21 novembre au 8 décembre, elle fournissait aux troupes de Hercœur et à l'armée royale du duc de Nevers jusqu'à 500,000 pains, sans compter l'argent, la poudre, les outils, etc. Mercœur, pour imposer silence à tous les mécontents, faisait ouvrir les portes, et introduisait dans la ville le régiment de Saint- Pol, qu'il recevait lui-même, accompagné de ses gardes et de plu- sieurs gentilshommes, au mépris des privilèges de la ville, et de l'or- donnance du roi qui interdisait tout logement de troupes à Nantes aux frais des habitants. Le maire Harrouys ne pouvait résister par la force ; il osa courageusement protester, et adresser un rapport au bureau, qui ne sut ou ne put seconder la hardiesse de son chef. C'est dans ces circonstances qu'une lettre du roi, adressée au maire et aux échevins, annonça la mort du duc de Guise; elle fut lue par Harrouys dans l'assemblée de ville du 30 décembre et le 2 janvier 1589, jour de sa troisième installation. Il protestait d'ailleurs de ses bonnes intentions pour rextirpation des 1 Registres de la ville, l»', 8 et 12 septembre 1588. Guises, fut aussi mai reçu'. C'était un moyen adroit de se rendre complètement maître de la ville : Harrouys le comprit, et fit rejeter la proposition, malgré les plaintes et les réclamations du peuple, qui se laissait tromper par Mercœur et lui savait gré de ses bonnes intentions. Chaque jour il fallait déjouer quelque nouveau projet du gouverneur : ainsi, il engageait les habi- tants à envoyer des soldats au secours de Clisson, menacé par les calvinistes ; il voulait dégarnir Nantes de ses défenseurs ; la munici- palité refusa. Cependant Henri III, averti par Lavardin et par de Gesvres, dés dispositions hostiles de son beau-frère, tentait une dernière épreuve, et lui écrivait encore pour lui faire des oflTres plus considérables et l'inviter à se rendre auprès de lui '. Il avait chargé de seslettres Clatide de Faucon, seigneur de Bis; premier président au parlement do Bretagne. Mais Mercœur, craignant la fermeté et la fidélité du pre- mier président, le fit arrêter avec l'un de ses fils et son gendre, et les fit conduire secrètement à Ancenis, sans que l'on sût d'abord le lieu où. Ceux-ci, effrayés par les clameurs menaçantes du peuple, par les attaques passionnées du clergé, par les soldats nombreux de Mereœur, se taisaient dans un morne silence, ne songoant plus qu'à sauver leurs intérêts grave- ment compromis, ou même cherchaient à fuir loin d'une ville où ils n'étaient plus en sûreté: le maire lui-même, le courageux Harrouys, reconnaissait que toute résistance était désormais inutile, et deman- dait aqx membres de la municipalité la permission de se retirer; mais on lui représentait qu'il ne pouvait quitter la ville dans un moment aussi critique, et on refusait absolument de le laisser sortir. Elle attend de ses X fidèles et catholiques Nantais le même zèle à défendre leur religion « et leur liberté qu'ils ont toujours montré pour combattre les hé- « rétiques Ils ne manqueront pas de chefs capables de seconder « par leur valeur et leur habileté de si louables dispositions. » Puis, tombant de ce propos passionné sur ceux qu'elle voulait per- dre, parce qu'ils La gênaient, elle accuse quelques-uns des notables habitants de trahir la ville. « Nous avons eu avis certain, dit-ellè, « que quelques hommes de la faction du roi, dont nous avons la « liste, veulent introduire le roi de Navarre avec ses troupes : s'ils « exécutent leur fatal dessein, la ville ne peut éviter un sac général c et terrible, et la perte de notre religion, avec la mort on Fempri- « sonnement des bons catholiques. Le capitaine Gassion vous servira de chef pour cette exécution, en l'absence de M. » Aussitôt les armes sont prises, les rues barricadées; et les bour- geois modérés, sans avoir même tenté la moindre résistance, sont ou 1 Du Cambout, lautre lieutenant du château, voulant rester fidèle au roi, s était retiré, aux premiers signes de rébellion donnés par Mercœur. Il,p, 71, 72; Qoll. Bizeul, dans la Biogra- phie bretonne. A Bennes, les ligueurs s'étaient depuis quelque temps préparés à se rendre mattres de la ville. A leur tête était révoque Aymar Hennequin, Tundes ligueurs les plus exaltés; protégé par les Guises, qui lui avaient fait donner Tépiscopat, sacré par le cardinal de Lorraine, il avait de bonne heure approuvé en chaire le massacre de la Saint-Barthélémy, et composé trois harangues latines, pleines de véhémence, pour soutenir les principes de la Ligue. Sa nom- breuse familje était toute dévouée à la même cause; Il était lui- même membre influent du conseil de TUnion à Paris. Le 30 janvier 1589, Ton avait célébré à Notre-Dame un service solennel, en rhonneur des deox martyrs de Blois : c'était l'évêque de Bennes qui présidait la cérémonie; le ligueur Pigenat prononçait Toraison funèbre. Il avait été envoyé à Bennes, pour soulever les habitants contre Henri III. L'Espagnol Herrera, qui devait être bien informé, afSrme môme qu'Hennequin recevait une subvention de l'Espagne'. Il était secondé par Charles d'Espinay, évoque de Dol, d'une famille ancienne et puissante en Bretagne 3, et d'un jésuite, prédicateur turbulent et audacieux, agitateur des masses populaires, qui, dans 1 Montmartio, col. Labitte, De ta Démocratie chez les prédicateurs de la Ligue, p. » 23 avril 4589. Les représentants du clergé breton, réanis à Bennes, venaient, à leur sollicitation, de nommer Mercœur capitaine de la Ligne en Bretagne et défenseur de la religion, au moment môme où, dans les églises, les prêtres retran- chaient la prière que Ton avait coutume de faire pour le roi. Quelques membres du parlement et des autres corps judiciaires étaient du parti des ligueurs: les uns, catholiques sincères, croyaient la religion menacée et se préparaient à la défendre; les antres, patriotes bretons, avaient conservé tous les vieux et cbers sou- venirs de rindépendance celtique, toutes leurs préventions, toutes leurs haines à Tégard de la France. Aussitôt le procureur général du parlement de Paris, Jac, qu'on lui fit accroire qu'il estoit de la Ligué, parce que plusieurs désiraient mettre la main sur sa riohe bibliothè- que? Ses fils, magistrats comme lui, partageaient ses opinions, et furent, dès le commencement des troubles jusqu'aux derniers jours, par- tisahs dévoués du duc de Mercœur. Charles d'Argentré était con- seiller de son parlement de Nantes, et Guillaume d'Argentré exerçait à Dinan la charge de sénéchal de Bennes. De plus, les opinions historiques de d'Argentré se troiivaient favorables aux descendants de la duchesse de Penthiëvre, Jeanne de Blois. Ton comptait dans leurs rangs beaucoup de gens avides de troubles, n'ayant rien à perdre, mais tout à gagner ; de ceux dont parle Salluste, comme le remarque le judicieux Mont- martin, quitus opes nullœ sunt, etc. Puis des émissaires du duc de Mercœur, le vicomte de Talhouet, par exemple, s'étaient répandus dans la ville, et excitaient le peuple à se soulever; lorsque l'on avait appris à Rennes l'enlèvement de Faucon de Ris, le parlement avait immédiatement dirigé une députation vers Mercœur, pour réclamer la liberté de ce magistrat; mais les envoyés avaient man- qué à leurs devoirs les plus sacrés, trahi le parlement, et, suivant l'expression énergique dé Pichart, trafiqué la ville de Bennes avec le duc de Mercœur, comme on le sut plus tard : depuis leur retour, ils s'étaient mis à la tête d'un complot tramé en sa faveur. Enfin, l'abbesse 1 Montmartin, Menu, p. Il était temps d'agir. A Bennes, comme à Nantes, les ligueurs faisaient courir le bruit que l'on voulait livrer la ville aux huguenots : Bené Tournemine, baron de la Hunaudaie, et le sieur de Hontbarot, gouverneur de la cité, étaient accusés de menées hostiles, d'autant pins qu'ils croyaient devoir prendre plus de précautions; l'on répétait, avec crainte et indignatioD tout à la fois, que le seigneur de Bienx-Sourdéac, réputé huguenot zélé, avait reçu une commission spéciale pour lever des protestants et autres scélérats, au grand détriment des catholiques et des Bennais en particulier'. Marteville, k Farticle Remies du Dictionn. Les rnes sont barricadées, les portes fer- mées, pour résister aux ennemis imaginaires, qui venaient, disait-on, do Boftage, place forte des protestants, afin de mettre tont à fen et à sang. Le peuple avait pris les armes sans trop savoir pourquoi. Mont- barot s'était jeté dès le commencement de la sédition dans la tour Mordelaise ; il avait d'abord refusé de se rendre même à Mercœur, déclarant qu'il préférait mourir avec sa femme et ses enfants plutôt que de commettre une lâcheté '. Il avait prié ses amis, les cinquan- teniers, et surtout la compagnie des notaires de venir à son secours ; ses efibrts n'avaient pas été récompensés, quelques jeunes gens seulement avaient répondu à son appel. Alors, perdant l'espoir d'être secouru, et reconnaissant qu'il ne pouvait tenic contre l'artillerie de Mercœur, il capitulait honorablement, et était remplacé par le capi- taine Charonnières. Le duc, voulant profiter du grand succès qu'il venait d'obtenir, allait s'emparer de Fougères, dont le gouverneur était son prisonnier ; le capitaine, qui commandait pendant son absence, vendait la place et les meubles pour 1500 écus. » i Pichart, col. CSependant, malgré les efforts des ligueurs. Bennes ne devait pas longtemps rester en leur pouvoir : beaucoup d'habitants étaient, par origine, par intérêt ou par conviction, attachés à la France et à la royauté; ils avaient été surpris, mais ils trouvèrent bientôt des chefs, qui leur permirent de reprendre Tavantage. Aussi, quand les lettres de Henri III eurent dénoncé la trahison de Mercœur, et ordonné aux fidèles serviteurs du roi de s'armer pour la punir', les royalistes, dirigés par Mondbarot, qui rentra dans Rennes à l'heure convenue, par les présidents Barrin et Harpin, et surtout par le courageux et honnête sénéchal Guy Le Meneust, sieur de Bréquigny, se répandirent dans les rues au cri de: Vive le roi! L'on remarqua dans 1 Biogr. La Roche, — Mémoires de ta Ligue, t. Plus tard, Henri IV, pour récompenser la fidélité des habitants de i Ihble raisonnée des actes du parlement de Bretagne, 2 J. Toute ligue contraire au service du roi est défendue, sous peine de haute trahison 7 avril. Le parlement ordonne de saisir le temporel des évèqoes de Bennes,«de Dol, des abbés de Saint- Gildas et du Tronchet, des prieurés de Bourgouin, Bé- cherel, Saint-Cyr, etc. Il charge le procureur général de pour- suivre les membres de la compagnie qui se sont déclarés pour Mercœur «. Tous les gentilshommes sont tenus de se trouver en armes, sous huit jours, auprès des sieurs de la Hnnaudaie et de Fontaines, lieu- tenants-généraux du roi en Bretagne, sous peine d'être condamnés comme criminels de lèse-majesté, déchus des privilèges et titres de noblesse, et eux et leur postérité déclarés roturiers et contribuables aux fouages. La guerre était donc ou- vertement déclarée : les armes allaient décider la question ; et, pour donner plus de courage à ses fidèles serviteurs dans cette lutte pé- i 30 mars 1592. Lettres missives de Henri IF, t. Jamais, depuis longtemps, la royauté ne s'était trouvée dans un aussi grand péril ; et Tunité nationale allait périr dans ce funeste naufrage de la seule puissance capable de maintenir Funité et de retendre encore. C'était enfin une guerre tonte politique qu'il déclarait à ses ennemis; et, ens'unis- sant au prince le plus capable de défendre sa cause, en se réconci- liant avec le roi de Navarre, Henri HI faisait non pas seulement un acte de nécessité, mais un acte d'intelligence et de sagesse. Tant que Henri de Valois avait vécu, les catholiques pouvaient encore, sans blesser leur conscience et sans trop braver l'opinion, marcher sous les drapeaux du roi. La guerre, à laquelle la présence de Henri IH donnait un caractère essentiellement politique, reprenait malheureu- sement une couleur religieuse, quoique au fond la question fût en 1 Jetés de Fret. Cétait toojoars la lutte de ranarchie coittrë l'ordre et ronité; comme le disait avec vérité le duc de Nevers,. « ai « nous demeurons longtemps en Testât où nous sommes, bigarez et agne , pour, à coups de « coustelats, et non par verrues , veoir si les catholiques seront ' « asservis à la domination des huguenots. Qu'on laisse donc les « injures aux lavandières et tripières du Petit-Pont de Paris, vu que. Henri lY devait donner à son lieutenant Saint-Luc les deux tiers des revenus temporels de Févéché, à nous acquis et confisqués, dit la donation, par la rébellion et forfaiture de messire Nie. Georges d'Aradon, conseiller au parle- ment de Nantes, dès Torigine des troubles, était élu par le chapitre de Yaimes, en 1590, grâce à la protection de Mercœnr, et secondait ce prince avec zèle : il sera Tun des députés de la Bretagne aux fitats-généraux de Paris; sa famille était toute dévouée à la Liguée 1 J. Pichârt, JoutnaL — D. On bien ils allaient de ville en ville pour resserrer l'Union et s'entendre sur la défense. Le 7 juin de la même année, le sieur de la Bouvre, chanoine, a rendu raison de son voyage par luy fait cy-devant vers Monseigneur le duc du Mayne, tant de la part de Monseigneur le gouverneur que de Messieurs de cette villeK Ils vont môme transmettre soit aux villes, soit aux capitaines de Mercœur, les ordres et les lettres du chef. L on peut comparer la remontrance faite au roi par les Ëtats de France réunie à Blois. Souvent c'est à leurs risques et périls que les religieux se font les messagers de la Ligue; le parti royaliste en Bretagne se mon- tra plus d'une fois trës-rigourenx à leur égard : plusieurs furent pris et pendus sans pitié, comme traîtres. Par exemple, le jeudi 12 avril 1590, dit J. Aussi, l'un des prédicateurs les plus célèbres de Nantes, Jacques Le Bossu, excitait la colère de ses auditeurs, en leur rappelant les cruautés des royalistes à l'égard des prêtres et des religieux, soit en France, soit en Bretagne : « On sçait, disait-il, qu'ils ont porté des « escharpes faictes d'oreilles et d'autres parties de prestres : ils ont « escorché les uns, etharquebuzé les autres par plaisir, comme tirant « à la butte.... » La suite ne peut se répéter... Puis, il ajoute : — « N'a-t-on pas pendu à Bennes un cordelier, sans pouvoir rien dire « contre luy, que n'avoir eu son habit, lorsqu'il fut pris, combien « que pour la commodité des champs il eût pris un habillement « court, qui n'étoit point messéant à un homme d'église.... El, à la « prise d' Auray, tuèrent-ils pas le prédicateur cordelier, qui pres- se choit le caresme en bas-breton, par onze coups mortels qu'ils luy « donnèrent, et cherchèrent le jacobin qui l'avoit presché en langue « françoise, pour le massacrer pareillement? Mais il fut tué. A plusieurs reprises, ils avaient réclamé ; ainsi, par ordonnance idu roi Henri III 5 février 1580 , les gens d'église de Nantes obtiennent d'être deschargez de ladite garde, parce qu'ils sont tenus assister H se rendre subjects aux matines, messes, vespres et services, qui se font en l'église de jour et de nuici, edccepté qu'en évident périt ils seront tenus de servir en personne esdites gardes, ainsi quili ont toujours faict. De son côté, le chapitre arrêtait que le jour où les chanoines seraient sous les armes et au corps de garde, ils seraient censés présents au chœur, avec le gain ordinaire de Pégliâe. Le chanoine de la cathédrale de Mantes était capitaine du feu; il doit, en cas d'incendie, diriger dix hommes par compagnie de la milice, et tous les jacobins, carmes, cordeliers, pour éteindre le feu : oolear confie, sous leur responsabilité, les paniers de clisse goudronnés, crocs, cordages, etc. Les minimes, récollets, capucins, sont également forcés plus tard de courir les premiers au feu. Ces détails 1 Moreau, p. Les moines deyaient principalement se distinguer par lenr dévoue- ment. Hercœur, qui savait tout le parti qnll pouvait en tirer, les favorisait singulièrement. Les minimes et les capucins avaient été attirés par lui en Bretagne, et établis à Nantes : il leur avait acheté les terrains nécessaires, et fait bâtir des couvents, sans demander le consentement du chapitre. La ville s'était opposée précédemment aux lettres de Henri lU qui permettaient rétablissement des minimes ; mais il fallut céder à la volonté de Hercœur, qui mérita, par ses libéralités à lenr égard et par sa protection, d'être appelé leur fon- dateur. Pour enflammer les esprits, on avait recours à deux puissants moyens, les processions et les prédications'. Vainement le parle- ment de Bennes poursuivait de ses édits les prédicateurs, et les ecelésiAStiques qui publiaient au prône des libelles diffamatoires i Travers , t. U et III , passim ; d'après les Registres du chapitre. On peut juger, par le fait suivant, de lusage auquel elle était employée : un vol de bois avait été conunis au préjudice de Nantes; un monitoire est lu dans les diverses églises, pour inviter, sous peine d'exGonununication , à révéler les détails que Ton pourrait connaître k ce siqet 35 mai 1590. Tous les événements de quelque importance sont ou précédés ou suivis de processions solennelles ; Ton n'entendait à Nantes que Te Beum au moindre avantage sur les troupes du roi, à Télargissemenl ou à la prise de quelque seigneur, à Tarrivée de quelque secours. C'étaient des saints, des prières -de quarante heures à la nioindre disgrâce, ou pour demander à Dieu sa bénédiction, etc. Ainsi, procession pour obtenir le succès des armes de Monsieur de Mercœnr; procession pour célébrer la défaite de Thérétique ; proces- sion et Te Beum pour Tarrivée des Espagnols à Saint-Nazaire ; procession pour la lecture de la bulle de Grégoire XIV qui excom- munie Henri de Navarre, ou pour brûler Tarrét hérétique rendu contre cette bulle par le parlement royaliste de Tours 3. Ordinairement, les plus fervents s'y trouvent pieds nus, la torche au poing, une croix dans la main gauche, en chantant les psaumes de la pénitence. C'est quelquefois en plein jour; mais, dans les grandes circonstances, c'est à la clarté funèbre des torches que s'avance le cortège lugubre. Ce n'était pas seulement à Nantes, c'était dans toutes les villes de la Ligue, dans les villages môme, que ces moyens étaient employés. Chaque corps, chaque corporation, allait signer à son tour; et malheur à ceux qui refusaient : le maître de la psallette de Saint-Pierre était, pour ce motif, exilé par le présidial et privé de ses honoraires par le chapitre. L'assassinat des Guises fut le signal du déchaînement le plus furibond et contre Finfftme Henri UI, et contre son nouvel allié, le perfide Béarnais. Ses services étaient récompensés; après la mort de Pierre du Vieux-Cbâtet, tué par les paysans eu 1590, il le remplaçait comme abbé de Saint-Mau- rice de Carnoët. Sa réputation se répandait au loin; et Henri lY disait de lui qu'il faisait plus de mal en Bretagne par ses sermons, que Mercœur avec ses canons et ses arquebuses. I Mais le plus célèbre de tous, celui qui jooa le premier rôle, et le seul, à ma connaissance, dont nous possédions encore les ouvrages, c'est frère Jacques Le Bossu, Il était né en 1546, h Paris; parent, peut-être neveu de Mathieu Bosâuliis, que Bayte qualifie de grand orateur, il avait de bonne heure embrassé la règle de Saint-Benott ; docteur en théologie dans T université de Paris, il avait acquis nne grande réputation dans son ordre, et était prieur de Tabbaye de Saint-Denis, au moment où la Ligue commençait. Les témoi- gnages contemporains nous le représentent comme très-iùfluent et très-actif, soit qu'il faille exciter le peuple, soit qu'il faille diriger les conseils de la bourgeoisie. Tous les auteurs bénédictins l'ont comblé d'éloges : suivant l'un des historiens de SainNDenis, c'est Vornement de son siècle, un grand et unique prédicateur; mais ils ne font pas mention de sa conduite pendant les troubles et de ses écrits en faveur de la Ligue. Lorsque ledit fut solennellement juré à Blois, il prêchait également dans léglise de Saint-Sauveur de cette ville p. Ëtait-il dévoué à FEspagne? Le Bossu a laissé, outre les sermons dont nous allons parler, un traité sur la grâce, intitulé : Animadversiones in XXV propo» sitiones P. Voici ce que Bayle en dit : « Les excès de ce furieux « prédicateur contre le parlement de Paris séant à Tours et contre « tous les catholiques qui demeurèrent fidèles à Henri IV, ne « sauraient être assez détestés. Jacques Le Bossu, religieux à Sainct-Denys en France et docteur en la faculté de théologie à Paris, 133 pages; puis, Droi- sième Devis du Catholique et du Politique qui a esté réuny, sur la mort de Henry de Falois, selon ce quen a esté presché à diverses fois en la grande église de Nantes, etc. Voici ce qu'en dit le curieux manifeste contre Mer- cœur, rédigé par ordre de Henri lY : « Le duc de Mercœur se faict imprimer ung livre auquel il donne « privilège, composé par Le Bossu, par lui installé en revescbé de t Nantes, auquel il déclare le feu roy pire que Néron, qu'Hérode, « que Judas, tyran du royaulme, traistre au genre humain, tralstre « à TËglise, approuve et exalte l'assassinat commis en sa personne, « procédé, dit-il, du mouvement du Sainct-Esprit ; l'assassin, par « conséquent sainct et martyr, digne d'estre canonisé, le cousteau « d'estre gardé en relique pour oraison funèbre à ce grand roy qui « l'ayoïi faict son beau-frère, et pour consolation à la royne sa « sœur, qui l'aroit faict ce qu'il estoit, etc. Tous deux sortent de la cathédrale, tous deux viennent d'entendre le fameux prédicateur qui attire la foule à Saint-Pierre : le Politique, bourgeois honnête et modéré, n'a pas dormi au sermon ; sa mémoire est bonne; il a tout écouté, tout retenu, et pourtant f éloquence de Jacques Le Bossu ne semble pas l'avoir complètement convaincu. Dans la Ligue, il ne voit pas le côté religieux ; il est royaliste avant tout: la Ligue, dit-Il, est une rébellion; Henri III a été contraint de s'unir au roi de Navarre contre les ligueurs, qui en voulaient à son autorité. Le Catholique, c'est-à-dire l'auteur, se charge de répondre aux deux reproches des politiques, en expliquant. De là les deux premiers Devis, dans lesquels le Politique, très-faible de raisonnement, ne semble parler que pour donner au Catholique l'occasion de le battre impitoyable- ment. Ils sont dédiés à très-illustre et très-magnanime prince. Monseigneur le duc de Mercœur et de Penthièvre, etc. Dans cette dédicace assez curieuse, l'auteur représente l'Église catholique amoindrie par les hérétiques. Dieu lui-même attaqué pur Cimpiété; 1 Mémoires de Duplessis, t. » Le prédicatenr, comme on le voit, n'est pas embarrassé pour trancher tontes les difficultés. Après avoir pris patience sous François H et Charles IX, trop jennes pour agir avec discernement et énergie, ils ont dû se réunir, sous Henri III, moins excusable qne ses devanciers, afin de détruire la cause de toutes les misères de la France. » Si un prince néglige de purger sa terre de l'hérésie,... « que le pape « dénonce ses vassaux absoubs de la fidélité qu'ils dévoient, et expose t en proye ceste terre, pour estre occupée par des catholiques, qui « en chassent les hérétiques p. » Voilà la doctrine de Le Bossu clairement énoncée : c'est l'intolérance religieuse, c'est la théocratie du moyen-âge dans toute sa rigueur; il en tire facilement les consé- quences. La religion a été confiée, comme un dépôt précieux, à ses ministres ; ils doivent la conserver pure et intacte par tous les moyens : voyant qu'après Henri III, qui pouvait mourhr d'un instant à l'antre, la couronne devait tomber entre les mains d'un hérétique, ils se sont unis ponr que la France n'eût pas le sort de l'Angleterre p. Ce n'est pas par ambition que les ligueurs ont pris les armes ; les Guises n'ont jamais voulu s'emparer de l'État, car ils auraient pu le faire plus d'une fois, s'ils l'avaient voulu : ils avaient pour eux la force et l'opinion, quand ils ont traité avec le roi à Kemours; à la journée des Barricades, le duc de Guise ne « pouvait-il pas prendre « le roi comme à la ratoire dans son Louvre, et se mettre la con- « ronne sur la tête p. » Mais il n'a péché que par trop de clémence, et il en a été puni par la permission de Dieu. Le Bossu aflSrme ; mais ici, comme dans beaucoup d'autres endroits, il se contente d'aflBrmèr. Henri III était incapable de combattre les protestants, pour s'ôtre trop mêlé avec eux, et les avoir quasi tous de nouveau embrassés par ses traités honteux; il était T allié de tous les hérétiques fran- çais et étrangers. On leur reprochait à tort d'être alliés auï Espagnols : car l'Espagne était catholique et amie de la France! » La Ligue a été solennellement approuvée par les papes ; tous les religieux, chartreux, célestins, jésuites, capucins, théologiens, se sont ouvertement déclarés pour elle : bien plus, la France entière a manifesté son allégresse lorsque, par l'édit de réunion, Henri III a fait alliance avec les ligueurs ; alors, combien de feux de joie, combien de Te Deum, combien de processions solennelles p. Il a voulu et préparé la ruine des Guises; il a empêché l'armée de 1 Le prédicateur dit même que M. Le Bossu ne met-il pas encore en avant l'incertain pour le certain, quoiqu'il parle dans la chaire de vérité. Mais, dans son second Devis, cette adroite modération ne se retrouve pas toujours. Le lendemain, à pareille heure, le Politique, déjà sensiblement ému par les raisonnéinents et Féloquence du Catholique, est exact au rendez-Vous. Celiii-ci a entrepris une tâche plus difficile assuré- ment que la première; il se propose de répondre au second reproche adressé aux ligueurs, à savoir : Qu'ils ont renouvelle par ensemble une saincte Union, non-seulement sans le gré et la volonté du Roi, mais pour lui faire bonne guerre, et le déposséder de cesteauthorité qu'il veut retenir injustement. Pour le prédicateur convaincu, la tolérance est un mot complètement in- connu. Le mépris de Dieu qui fait endurer deux religions, fait qu'un royaume tend en ruine et est proche de désolation selon r Évangile p. Nous eussions baisé, par manière de dire, les pas oit ileust marché, ou au moku il eusi eu et nos mains et nos cœurs p. Le Bossu prêche et justifie franchement le droit d'insurrection; le passage est curieux, et peut donner une idée de l'éloquence assea ferme du prédicateur. « Quelle violence luy a-t-on faict, que de « rimportiiner de justice? Pourquoy donc s'est-il moqué de nous, nous appellant aux a Estats, s'il n'a point voulu ouyr nos doléances? Et au cas qu'il « eust esté forcé à ce jurement comme vous le dictes, encore fau- « droit-il nous escrier avec un des anciens Pères de TËglise : Félix « nécessitas, quœ ad meliora compellit : Heureuse nécessité qui « nous force à choses meilleures. Or, le tyran qui accable la république, peut et doit même être tué par le 4roit naturel, comme par les commandements de Dieu p. Sans doute ce n'est que dans certaines conditions, qu'il est loisible. Clément était dans ces conditions ; car il n'y avait aucun antre moyen d'en avoir raison : et Qenri, quoique successeur légitime de Charles 1%. Enfin la mort de J. Clément ne doit point faire penser que son XBovre ne ylent pas de Dieu : au contraire. Dieu a manifesté hautement sa protection; car il a voulu que son vengeur reçût immédiatement, par la main de ses ennemis, la couronne du martyre p. Henri, qui était en son cabinet lors du meurtre des Guises, a été tué dans son cabinet, etc. Henri est mort vraiment excommunié ; il n'a pu être réconcilié avec l'Ëglise, lui surtout qui l'a livrée à Thérétique, en nommant le Navarrais son successeur : quant à la prétendue promesse de vivre catboiiquement, faite par celui-ci à Henri III, elle ne prouverait que la méchanceté de tous deux, parce que ce n'est évidemment qu'Ay- pocrisie et vaine forfanterie politique p. L'auteur insiste de nouveau et s'étend assez longuement sur cette maxime que deux religions ne peuvent subsister dans un Ëtat. Comment des hommes qui se prétendent catholiques, peuvent-ils soutenir la cause de cet hérétique sacrilège? INe se portent-ils pas à eux-mômes le plus grave préjudice, en s'exposant au contact mortel de la ladrerie de l'hérésie p. BN BRBTÀGNB 85 « Jiisques à qaant donc les catholiques aaront-ils les yeux selliez « pourne point yoir que leur fortune est en condition? Me voyez- vous point « qu'ils demandent vos biens avec la vie? Messieurs de TËglise, on « demande vos despouilles de vos Bénéfices, pour en enrichir le fils « d'un hérétique,. Messieurs qui restez d'une justice qui avoit esté par « le mesme tiran. » Cependant, les paroles de J. Il se «dis- tingue : il est protégé par le docteur F. Plus tard, Henri III avait ordonné à Tévéquift de Paris de défendre aux prédicateurs de parler des affaires 4'Ëtat : Bourgoing répond que le roi n'a aucune puissance sur la liberté de la prédication, et qu'il ne craint pas la prison dont on les menace. Arrêté sous les murs de Paris, il est jugé à Tours. Il déclare, malgré les douleurs de la question, qu'il n'a pas même connu le projet de Jacques Clément : s'il a combattu contre les royalistes, il a agi par conviction, par devoir; car le prince hérétique a été rejeté par les États du royaume comme par les catholiques. L'on ajoute, dans son arrêt de mort, qu'il est coupable d'avoir prêché scandaleusement. Sa fermeté ne se dément pas au milieu des supplices : tiré à trois reprises par quatre chevaux, placé par le bourreau sur une jtable, pour être découpé aux quatre membres, le visage couvert de sang, il ne cesse de louer Dieu, et de lui recommander son âme. Le sermon de J. Le Bossu est remarquable par la fermeté sans emphase, par la dignité sans mélange de l'orateur; il est bien com- posé, sans hyperbole, sans mauvais goût: même au point de vue de l'éloquence de la chaire, il mériterait d'être connu. Bourgoing est un noble martyr, qui a terminé une vie pleine de bonnes œuvres par une mort glorieuse : c'est au pieux Ëléazar de l'Écriture que le pré- 92 LA LIGUE dicateur le compare ; comme lui, il a succombé, toujours ferme dans sa foi, simple dans ses paroles, sous la rage des ennemis acharnés de Dieu. La révolte de Saiot-lHalo prësenle nn caractère diflFé- rent, et son bistoire n'est pas moins féconde en enseignements intéressants. Les écrivains'bretons, et surtout Tun des pins illustres, Chateaubriand, ont accordé les plus grandes louanges à la conduite des Malouins, pendant les guerres de ta Ligue. Dernièrement encore, dans le congrès de TAssociation Bretonne , à Saint-Malo môme, H. » Mais pour bien comprendre le rôle de Saint-'Halo à cette époque, nous croyons nécessaire de dlire quelque mots de son histoire antérieure. Sur son rocher, que les flots venaient chaque jour entourer, cette fille de l'Océan, sans cesse menacée par ses puissants voisins, avait su conquérir une sorte d'indépendance. Un traité la rendit bientôt au duc 3. Mais, en 1403, les bourgeois, vexés par la garnison bretonne, prirent les armes pendant la nuit, se jetèrent sur leurs oppresseurs, les chas- sèrent de la ville, et cette fois s'adressèrent directement à Charles VI, en se mettant sous sa protection. C'était malheureusement répoque des guerres désastrensea qui furent sur le point d'amener la ruine de la France: quand le royaume fut envahi par Henri V, les Armagnacs promirent au duc Jean V de lui rendre Saint-Malo, s'il leur accordait quelque secours. Aprèç la journée d'Azinconrt, la ville fut en effet livrée ; le pape fit attendre neuf ans son consente- ment. Hais les prétentions de l'évéque sur la souveraineté do la ville n'en subsistèrent pas moins ; et il s'opposa dès lors à la con- struction d'un château que le duc faisait élever pour contenir la ville'. Malgré une bulle du pape de l'année 1475, cette opposition dura jusqu'au temps de la duchesse Anne, qui fit graver sur la grosse tour de la forteresse, enfin terminée, ces mots célèbres : Qui qu'en grogne, ainsi sera, c'est mon plaisir : de là le nom de la tour Quinquengrogne, Quand la Bretagne fut réunie à la France, les habitants Je Saint- Maloréclamèrent. Une ordonnance de François P' restreint les privilèges des chanoines, en augmentant beaucoup, au contraire, les pouvoirs du capitaine nommé par le roi ou de son lien- tenant 24 janvier 1528p. Déjà Saint-Malo était une ville importante par son commerce et par sa marine : dès 1423, ses habitants avaient équipé une flotte de 30 vaisseaux et fait lever aux Anglais le siège du Mont-Saint-Michel. Charles VU, pour les récompenser, leur avait adressé des lettres de privilèges curieuses à consulter s. Sous Louis XII, ils combattent les Anglais et les Espagnols ; ils aident Tempereur Gharlès-Quint, lors de son expédition en Afrique. Leurs corsaires signalent plus d'une fois leur valeur, dans la lutte contre les Anglais : ainsi, sous les ordres du comte de Montgom- mery, ils font la guerre à leurs frais et contribuent surtout à la prise de Belle-Isle. Ils s'engageaient, à bloquer le port de la Bochelle, de manière que rien ne pût ni entrer ni sortir, moyennant 120,000 livres ; et ils offraient caution à Paris ou à Rouen de 100,000 écus, qu'ils voulaient perdre, au cas qu'il se trouvât rien en mer de plus 1 jéctes de Bret, t. Levot , dans la Biographie bretonne, avec les notes de M. Saint-Malo, comme on le voit, sous les rois ainsi que du temps des ducs, était une ville à part, presque indépendante. Déjà depuis longtemps les Malouins s'étaient presque complète- ment soustraits à Vobéissance du sieur de Fontaines, lieutenant- général du roi en Bretagne, et gouverneur de Saint-Malo : Honorât du Bueil vice-amiral de France, chevalier de Tordre du Saint-Esprit, jadis premier écuyer de Charles IX et Tun de ses favoris, était an seigneur extrêmement riche, mais tracassier et peu aimé, comme la plupart des officiers de la royauté dans les provinces. Dès 1585, lès bourgeois avaient nommé douze conservateurs de la cité, diargés spécialement de veiller à ses intérêts et à son salut 3. C'est là le naanus- crit précieux dont se sont servis tons les écrivains qui ont raconté cette histoire ; la Revue rétrospective en a publié un long extrait, 2° série, t. Mercœur était intéressé à leur complaire; il leur accorda leurs demandes, et fit avec eux une espèce de traité que de Fontaines fut contraint de ratifier, mais qui ne fut pas toujours fidèlement exécuté par les lieutenants de Her- cœar». Aussi, dès le mois de mars de l'année i59 V, un complot s'organise contre lui. Sous la conduite de Pépin de la Blinaye, et de Michel Protêt, sieur de la Bardelière, Cinquante- cinq jeunes gens des plus intrépides et des plus agiles, à la faveur de robscnrité profonde de la nuit, escaladent au moyen d'une échelle de corde la tour de la Générale, haute de plus de cent pieds. Cette entreprise audacieuse les rend maîtres du château ; les soldats de la 1 La Ligue à Saint- Malo, p. D'aprèft les récits et les réclamations postérieures des royalistes, les meubles magnifiques que le comte avait amassés depuis longtemps, furent pillés, l'argent fut partagé entre les conjurés ; ils en cédèrent nne partie aux échevins, dit de Tbou, pour l'usage de la ville, afin de justifier leur vol. Plusieurs, si l'on en croit la requête da royaliste Julien Ârtur, l'une des victimes, furent emprisonnés, traités avec barbarie, contraints, pour payer rançon, de vendre. « Il y a de pires saincts en u Bretaigne que le catholique valet de Od. » Dans les notes de léditionde Ch. Le récit circonstancié de La LandeUe prouve la fausseté de ces assertions. Ce qui a donné lieu k cette erreur, c'est Farrestation à Rennes, la condamnation et le supplice du valet de chambre du comte, qui avait emporté une grande partie de ses diamants. Son bisaïeul, qui avait laissé, dit-il, des mémoires sur cet événement, fut lun des bannis de Saint-Malo. Il leur répond très-gracieusement. Mais ce n'était pas au profit du chef de la Ligue en Bretagne qu'ils avaient fait leur révolution : ils voulaient, à l'exemple des calvinistes de la Rochelle, former une république catholique indépendante, puissante par sa mariné et son commerce. Accoutumés aux luttes sur l'Océan et aux périls des voyages lointains, ils avaient assez de confiance dans leur courage pour espérer réussir. Ils se contentent donc de répondre avec politesse aux avances de Mercœur; mais ils ne s'unissent pas à lui, refusent tout secours étranger, ne laissent pas même pénétrer dans leur ville ceux qui arrivaient pour la défendre, se gardent et se gouvernent eux-mômes, faisant la guerre à ceux qui gênaient leur commerce, et cherchant, par la crainte ou par les bons oflSces, à s'attacher les petites villes voisines, dont ils avaient besoin. Les Malouins ne semblent pas guidés, dans ces différentes expédi- tions, par les motifs les plus désintéressés; ils font la guerre, comme la plupart la faisaient à cette époque. Ainsi, contrairement à la capitulation accordée par eux au sieur de Pontbriand, pendant qu'ils le retiennent prisonnier au château de Guildo, conduits par leurs capitaines, secondés par quelques gentilshommes et par les paysans des environs, ils démolissent le château de Pontbriand, pillent ou détruisent tous les meubles, provisions et munitions, avec toutes les richesses, le blé amassé dans cet endroit, les bestiaux des métairies, abattent les bois, et emmènent un navire appartenant au seigneur. Tous leurs actes nous montrent le but qu'ils se proposent; c'est 1 Requête du sieur de Pontbriand k Tamiral de Montmorency, contre les bourgeois de Saint-Malo : Actes de Bret. Voyons leurs rapport » avec Mercœur. Il avait d'abord espéré les soumettre facilement à sa domination ; mais, dès le premier jour, ils semblent peu disposés à robéissamee : ainsi, lorsqu'ils ont fait prisonnier le marquis de. » Nous avons déjà dit comment Quimper se sépara du parti roya- liste, dès la fin du mois de septembre 1589. Voyons senlenient TexeiQple 4e Nante». Le Bossu «et le sieur dis ,1a Courousserie. Le 19 mai il5Q9. La viUe reçoit les serments des seigneurs': « Nous vous promet- 1 ArQbives de Nautet». » Des négociations sont entamées avec le maréchal de Retz, sur le inéme sajet. Il ne se contente pas de faire des approvisionnements de boulets, de poudre, de bois à gabions et fascines; de réparer et aug- menter les fortifications de la ville; il décide des expéditions au dehors. Des bourgeois armés soirt dirigés avec leurs capitaines pour unir à la ville Guérande et te Croisic. Deux cents hommes doivent aller chasser de Blain le cheva- lier du Goust ; chaque homme reçoit une demi-livre de pondre et quinze sous par jour 26 et 27 mai. On fait passer des vivres et de 4 Archives de Nantes. Toutes ces sommes ne furent pas rendues, puisque, le! Il nouâ dit égalcfpient qu'il jeûne trois fois par semaine; qu'il a cominunië dévotement, ainsi que sa femme, etc. Quand il se peut écrire, c'est cette dernière qui prend iâ plume ei qui continue le journal. D'Aradon accueille avec bonheur tous les faux bruits que les ligueurs ne cessaient de répandre dans Tintérét de leur cause : le roi de Ifavarre, t'héréiique, l'excommunié, est, à l'entendre, sans 1 M. Bizeul, dans la Biographie bretonne, 'i Journal d Aradon , passim ; à la suite de D. Et quand il est contraint de capituler, il écrit qu'il le fit à cause de fespouvante que les habitants de Hennebont eurent, lesquels se voulaient en dépit de moy rendre, de quoyfe crevaye de dépit, et en pensé enrager. L'un de ses frères abandonne le parti de la Ligue ; d'Aradon ne fait pas de longue» réflexions à ce sujet : « Mardy 24 navembre. Je prie « le bon Dieu de tout mon cœur l'en vouloir retirer et amender, ou « bien luy donner la bonne mort. » Voilà les sentiments des plus convaincus : et encore d'auUres mo- tifs n'étaient pas étrangers à leur conduite. Les d'Aradon voyaient avec peine un par- venu, favori de Mercœur, nommé la Gointerie, trancher du gouver- neur à Vannes, où il était avec son régiment : ils demandent pour eux-mêmes le gouvernement de cette ville, bien persuadés que Mer- cœur ne saurait refuser; car il était alors à craindre qu'il ne les mécontentât, ce qui eût fort reculé ses affaires dans cette province. Mercœur accorda la place au sieur d'Aradon, le troisième frère. Vers la On de la guerre, les terres du prieuré de Batz Viennent d'être dévastées par le capitaine royaliste La Tremblaye : quaure jours après, les compagnies du seigneur d'Aradon et de plusieurs 1 Journal d'Aradon, p. » 4St, quelques pages phis! » LesTeprocbes sont d'autant! Dieu '« sçait commentai sera rabroué. » Monsieur de Corboson, capitaine, dit Pichart, issu d'un frère atné du comte de Montgommery, fut arrêté pour ses voleries, bruslemens, pilleries, violement de filles et femmes de tout âge aux paroisses de Reton, etc. La cour, toutes les chambres assemblées, le fit comparaître avec d'autres capitaines normands; il leur fut fait une leçon telle qu'un chascun peut penser; allant auquel lieu ils furent en hasard'. Nous ne trouvons rien de parell'dans les instructions de Mercœur; il était forcé de montrer beaucoup plus d'indulgence à l'égard de ceux dont il craignait perdre les services. Il est bien difficile de dire jusqu'à quel point allèrent les excès de la guerre. Cependant on peut s'en faire une idée, quand on voit Fun 1 Registres des Etats, dans les Actes de Bret. S Actes de Bret,, t. Ëcoutons encore un contemporain ligueur, le chanoine Morean. Car lorsqu'ils s'entrehantaient « aux villes et bourgs. Tes uns chez les autres, il fallait faire état. Telles débauches engendraient souvent des querelles, «r qni enfantaient des menrtres sur-le-champ.... Autant peut-on « dire de tous les antres vices'. » Le portrait est loin d'être flatteur; en faisant môme; je le veux Men, la part de l'exagération, il faut convenir que la noblesse bretonne ne se distinguait pas trop alors par son intelligence et sa moralité ; et l'on peut prévoir qnel rôle elle jouera dans les troubles de la Ligne. Bientôt, tous les turbulents audacieux se jettent dans le parti de la Ligue. Hurtaud de Saint-Offange et son frère Amaury étaient d'abord dans le parti du roi ; mais ils se saisirent de Scipion Sardini, riche financier de Lucques, qui allait d'Angers à Tours : ils exigèrent de loi une rançon de 10,000 écus d'or; et, craignant d'être pour- suivis pour ce Toi indigne, désireux d'ailleurs de piller tout à leur aise, ils se jetèrent catholiquement, suivant l'énergique eipression de la Satire Mémppée,en{Ye les bras des ligueurs, pour éviter la punition de la justice et trouver parmi eux toute franchise et impunité. En admets tant même que l'affaire de Scipion Sardini n'ait pas le caractère odieux que de gravies contemporains s'accordent à lui donner, lés Saint-Offange ne peuvent être facilement justifiés des exactions et des brigandages de toute nature dont ils se rendirent coupables; l'auteur lui-même ne dit-il pas, en parlant d'eux : « Combattre pour com- « battre était volontiers leur devise.... La passion, chez eux, cnflam- « paait le courage ; leur conscience catholique ne se montra difficile « ni en conseils, ni en alliances : de là plus d'une responsabilité ntmartin , p. Pais iNcril à Qaimper, pour obtenir la liberté du passage vers Châleanlin : ses raisons étaient spécieuses ; on la lui accorde. Enfin, il se retire chargé de dépouilles, se moquant de ceux qui avaient cm à ses paroles : c'était la première expédition faite en ce pays, non par l'ennemi, mais par ceux qui se disaient être pro- tecteurs de l'Union. Quant à la Magnanne, il était rappelé au service de Mercœur, et, gorgé de dépouilles, il allait se cantonner dans Tévéché de Trégnier. La Magnanne n'était pas pins respectueux à Tégard do clergé; ainsi, il s'emparait de Tabbaye de Lantenac, au diocèse de Saint-Brieuc, et s'y établissait avec sa femme et ses enfants : ses soldats menaient joyeuse vie ; l'église servait d'écurie, le réfectoire était transformé en salle d'armes, puis en étable ; les bâtiments tooH baient en ruine; les bois voisins étaient coupés 3. Mais Thomme qui peut surtout montrer quels excès le parti de la Ligue souffrait, sinon encourageait, c'est le trop célèbre Fonienelle, dont le nom est resté populaire en Bretagne, comme celui d'un des plus audacieux brigands du xyr siècle. Au collège de Boncourt, où le vit à Paris le chanoine Horeau, il montrait déjà ce qu'il serait un jour; il étail d'une humeur batailleuse, et toujours aux mains avec ses camarades. Au commen- 1 Mézeray, t. Guimar, auteur d une notice sur ce personnage. {Société des Antiquaires de l Ouest. Là, dit le chanoine Moreau, « il se mit parmi la populace, qui estoitsôusies « armes pour le parti des Ligueurs, qui en fit état, parce qu'il était « de bonne maison et du pays; et, le voyant d'un esprit actif, hii « obéissoit fort volontiers. Il se fit suivre de quelques domestiques nfonçât pas les murs des prisons, aux derrières desquels répend ladite maison 21 juillet 1600. Deux ans plus tard, le fait est assez curieux pour être remarqué, la cour informe pour savoir qui a enlevé de Tune des tours de la porte Toussaint la tête de Guy-Eder de la Fontenelle 8 novembre 1602. {Ihble raisonnèe des actes du parlement de Rennes. « Dans toutes les guerres civiles, écrit M. Sans doute, des excès semblables sont heureusement assez rares, même dans la barbarie des guerres civiles ; cependant, il faut le dire, la guerre de la Ligue en Bretagne eut toujours un caractère de brutalité grossière, et la conduite de la Fontenelle n'est qu'un exemple exagéré des pillages, des ravages et des crimes qu'au nom de la Ligue se permettaient des chefs avides et peu scrupuleux. Il serait facile de multiplier les faits à l'appui de cette assertion; quelques mots suffiront : « Le 24 juillet i58d, les « gens de Mercœur ravagent avec grandes cruautés les paroisses de «e ffouvoitou, Saint-Armel, Yern, etc. » En mai 1591, le capitaine Corbosson s'empare da bourg de Betton, près de Bennes; il permet à ses soldats le pillage, le viol, l'incendie. L'année suivante, les troupes de Mercœur revien- nent dans le bourg et se livrent à toute leur brutalité. Saint-Laurent et Trémereuc, avec 2,000 hommes français et espagnols, après avoir commis les excès les plus épouvantables, finissent par réduire tontes les maisons en cendres. Un autre capitaine dé Mercœur, Tun des plus actifs et des plus dévoués, Saint-Laurent n'était pas moins pillard et brutal : « Fait assez pitié, dit un coii«- « temporain, de ce qu'ils firent de ravages, meurtres, violemcns, lesaft de Bretagne. Aussi, pas une révolte communale en Basse-Bretagne durant treize siècles, s'écrie avec orgueil M. » 1 Chants populaires de la Bretagne, t. « Les rustiques « s'assemblèrent, inumerable multitude, prirent les armes et coa- « rurent sus aux seigneurs et gentilshommes, bruslans leurs villes, « chasteaux et manoirs, les mettans à mort, eux, leurs femmes, ' « enfans et domestiques. » La duchesse Havoize place son jeune fils à la tète de la noblesse, « contre cette révoltée, laquelle fut bien si « ozée que d'attendre l'armée ducale et luy rendit bataille en rase i septembre 1490, pour envoyer k Chateauneuf- » du-Faou, au capitaine de Kimpertin, plusieurs nobles, Anglois et autres gens « qui estoient audit lieu pour défaire et rompre Tamas et assemblée que k « commun faisoit audit lieu. Les explications et les commen- taires dont M. A cette époque, en effet, elles n'étaient ni aussi bien gouvernées, ni aussi respectueuses à l'égard des seigneurs, ni aussi profondément religieuses, qu'on Ta souvent répété. Les paysans, séparés les uns des autres dans leurs chétives métairies, isolés au fond de leurs étroites vallées, sans communications, sans rapports avec ce qui les entourait» presque immobiles dans leurs mœurs, leurs usages, leurs goûts, n'étaient pas assurément au xvr siècle danç un état moins misérable, moins grossier que celui dans lequel la plupart vivaient encore, il n'y a pas longtemps. « La plupart « de nos paysans, écrit E. Cet « isolement est une difiSculté très-grande pour la propagation des « idées dans les campagnes. Chaque famille vit dans ses préjugés et « dans ses traditions, sans pouvoir les user dans le frottement avec « d'autres familles, sans pouvoir profiter du progrès fait par un « voisin. » Comment, au milieu de cette triste ignorance; comment, dans un isolement aussi complet, auraient-ils pu comprendre, aimer ou res- pecter un gouvernement savant et régulier? » La misère est pour eui comme une maladie incurable. « Les pauvres seront toujours « pauvres, chantent les montagnards d'Arez; bien fou qui a cru que « les corbeaux deviendraient colombes. « Les fils des Celtes « repoussent avec opiniâtreté, dit M. Tarot, le contact du sibcle, et « semblent irivre encore de Tesprit sauvage et rude qui inspirait « le druidisme. Ainsi, les gentils- hommes calvinistes et leurs soldats de Vitré n'épargnèrent pas les catholiques : lorsque le siège fut levé , ils mirent le feu aux fau- bourgs, pillèrent les églises, maltraitèrent les prêtres; puis, se répandant dans les campagnes voisines, incendièrent les bourgs qoi résistaient, et enlevèrent les richesses qu'ils y trouvaient. Les registres des décès de la paroisse de Saint-Martin à Vitré, et d'autres documents, publiés par M. Quand le duc de Mercœur, désespérant de prendre Vitré, coara- geusemcnt défendu, leva le siège, les paysans, acharnés à Tentre- prise, tinrent encore pendant quelque temps la ville comme bloquée, et, se barricadant eux-mômes dans leurs villages, il fallut que le prince de Dombes envoyât pour les soumettre des troupes et du canon; retranchés derrière leurs fossés, ils se défendirent jusqu'à ce qu'on eut recours à l'incendie pour les forcer à se soumettre. « Ils attendent, ils se défendent ; l'on adjoute le feu au glaive, et « paroisse à paroisse il les fallait attaquer.... Enfin, ce misérable « peuple, qui avait commis infinies inhumanitez et cruautez, après » Moreflu, p. Ainsi Saint-Laurent, gouverneur de Dinan, ayant été défait par les royalistes, les paysans se jettent sur les fuyards et en assomment plusieurs centaines. C'est que les paysans n'étaient pas moins accablés, pillés et massa- crés par les ligueurs que par les royalistes; nous avons déjà constaté le but que se proposaient la plupart des capitaines, qui conraiem le pays, pour le ravager. A Penmarc'h et aux environs, ce dernier avait fait périr plus de cinq mille hommes, mis le feu à plus de deux mille maisons, et emporté tous les meubles : la Basse-Bretagne pendant neuf années devait être ravagée par sa petite armée, qui comptait plus de 1200 hommes bien dignes d'un pareil cbef. Les paysans, furieux de souffrances, essayèrent plus d'une fois de venger les malheurs du pays; mais toujours leur indiscipline brutale les perdit. Le chanoine Moreau a décrit de la manière la plus vive cet état déplorable des paysans de la Basse-Bretagne; nous aurons occasion plus d'une fois encore de nous servir de son précieux récit. Ml Je ne sais pas vraiment, si les paysans furent alors, comme le prétendent quelques écrivains, le point de mire de toutes les banales accusations dont la peur égoïste des privilégiés ne manque jamais, en pareil cas, d'accabler leurs malheureux adversaires; je ne sais s'ils furent à la fois égorgés et calomniés. Assurément, leur rôle n'est point ce rôle brillant, généreux et sublime qu'on a bien voulu leur faire jouer à cette époque. S Mémoire au roi sur la paix, dans les Mémoires de la Ligue, t. On yoyoit leurs mauvaises inclinations, qui « estoient de tuer tous les autres, à la réserve dels paysans comme eux. Mercoeur organise le gouvernement de la Bretagne. Quel fut son rôle pendant la guerre? Il était du nombre de ces princes qui voyaient dans les troubles de la Ligue une occasion magnifique de démembrer le royaume, et de reconstituer une espèce de féodalité ou de nation fédérative. Mer- cœur chercha à se rendre indépendant, et fut sur le point de réussir; sa tentative nous montre l'un des côtés de la Ligue qui n'a pas tou- jours été assez remarqué. La plupart des villes et des provinces refusaient de se sou- i73 LÀ LIGUE mettre au roi le droit de nommer des personnes capables d'admi- nistrer la justice, et de destituer celles qui en paraîtraient indignes art. Ainsi, tes attributs du pouvoir souverain étaient presque tous concédés à Mercœur; et le pape, chose assez remarquable, était supplié de pourvoir à sa nomination, comme gouverneur et lieute- nant-général en Bretagne, jusqu'à ce qu'il y eût un Roi catholique i Voir aux Archives de Nantes une lettre de Mercœur, au sujet des passeports, 10 fév. Défense est faite, sous peine de la vie, aux capitaines, ayant charge sur terre ou sur mer, d'atten- ter à la liberté du commerce, en arrêtant les marchands ou leurs marchandises : mais la liberté du commerce n'empêchera pas de faire le procès de ceux qui seront trouvés porteurs de lettres et paquets contre le bien de la Sainte-Union art. Ensuite, les députés adressent au roi d'Espagne, Philippe II, une lettre significative, pour lui rendre grâces de la bonne volonté, zèle et affection qu'il a de la manutention de la religion catholique, et du secours qu'il a envoyé à cet effet, etc. Vannes, Redon, la Boissière, Sucinio, Josselin, Pontivy, La Chèze, etc. Puis l'on trouve la pancarte des devoirs que les gens des trois états de ce pays ont consentis être levés sur les vins et marchandises entrant aux ports et havres de la province ; — la supplique des gens des trois états à M. Enfin, nous lisons les requêtes des communautés et des particuliers, qui s'adressent aux Ëtats pour obtenir des secours ou des emplois : les religieuses de Sainte-Claire, qui ne vivent que d'aumônes, manquent du nécessaire, depuis le commencement de la guerre ; elles deman- dent de l'argent, et prieront Dieu pour les députés : les bons pères de Saint-François ne peuvent plus, comme par le passé, annoncer la parole de Dieu dans les campagnes ravagées par les ennemis, et faire leurs quêtes habituelles; les villes ne leur offrent plus de ressources : les chantres et choristes de l'église de Nantes réclament de l'argent, pour avoir assisté et chanté la musique à la procession qui s'est faite aux Jacobins et à la messe du Saint-Esprit, etc. L'année suivante, les députés de la province se réunissent à Yannes, et l'assemblée ouvre ses séances, le samedi 21 niar» 1592, au palais royal de la ville : c'est également en vertu d'une commis-, sion du duc de Mercœur, longuement motivée, qui se trouve en 1 Les pièces concernant le Croisic m'ont surtout paru belles et intéres- santes. Michel de la Garnison, procureur-syndic ; le théologal Christi, etc. Les actes sont de même nature que ceux de 1591 : on fait de nouveau jurer aux députés le serment de TUnion, devant le Saint- Sacrement, dans réglise de Saint- Pierre. L'assemblée s'occupe assez longtemps des affaires de Saint-Malo, qui ne voulait pas s'unir à Mercœur, et avait refusé d'envoyer des députés à Vannes. On adresse une requête à M. L'on cherche les moyens de porter remède aux souffrances du pauvre peuple, cruellement pillé et torturé. Les habitants de Châ- teauneuf-du-Faou se plaignent du capitaine la Fontenelle, qui les a pillés, ravagés et tues à grand nombre, avec beaucoup de cruautés insolentes que les plus grands ennemis n'eussent voulu commettre: les Ëtats ordonnent des informations contre ses brigan- dages, et l'on décide. Mercœur avait ordonné à son lieutenant de Go«ilaine de se rendre dans l'Anjou avec ses soldats; mais les habitants de Nozây réclamaient des secours : comment faire dans cet embarras? On s'adresse à la duchesse, qui fait même attendre plusieurs jours sa réponse. Des auxiliaires Espagnols viennent-ils d'arriver en Bretar gne ; c'est elle qui annonça cette nouvelle à la ville ; c'est elle qui les accueille, qui leur fait donner des secours, et qui les dirige dans leur marche. Quelques marchands faisaient des achats de bœufs pour Tours : le conseil de Nantes la supplia de s'y opposer; elle n'en fit rien, et poer de bonnes raisons. Le même conseil, après avoir pris connaissance d'»ii traité de commerce proposé parte 1 Extrait des registres de la ville, 17 déc. Elle dispose des prisonniers; elle les «rend à la liberté, moyennant rançon, s'ils sont riches et gentilshommes : on les condamne à la plus dure captivité, surtout s'ils sont hérétiques ; c'est ainsi qu'elle jette sur les galères de Mercœur, ou sur celles do roi d'Espagne, pour y ramer comme forçats, plusieurs des prisonniers de Blain : le fila de Faucon de Ris, premier président du parlement; le frère de du Goust ; le juge de Guérande, pris au château 4e la Bretescbe, etc. Malheur i ceux qui osaient lui résister : un des lieutenants e la Tremblaye lui est présenté ; elle connaissait soq courage, et le solli- cite de changer de parti et de religion. Gomme il répond fièrement à ses promesses et i ses menaces, elle jure que Dieu ne lé sauvera jamais ûe ses mains, et l'envoie aux galères, en ordonnant de le traiter durement. Yofei la fin d'un sonnet : c Ton nom parmy le lenr doit florir immortel, ce Poisqae par toy leurs noms sont escrits dans le ciel , « Et que leurs faits divins sont chantez en ton œnvre. » Biré, dit un autre poète de la pléiade nafntaise, Jean Gallo, sienr de la Bamée : ce Biré , tu ne pouvais mieux orner tes escrits , « Que de ce nom Lorrain tant aymé de la France V « Tu n'as que trop caché ta divine science , a An regret desplaisant de tous les bons esprits 14 LA LIGUE « Et la femme et la mer sont une mesme chose, c Tous deux sont dangereux, tous deux sont inconstants, c Tous deux sont sans mercy, tant plus l'homme flattants, ce Qu'un beau temps calme et doux h ses gents se propose.

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